lunes, 3 de septiembre de 2012

TEXTOS PARA TRABAJAR EL MARTES Y EL MIÉRCOLES


Alphonse de Lamartine. Meditaciones poéticas. Cuatro poemas con paisajes.

Traducciones de Miguel A. García Peinado

1) Méditation première : L’ISOLEMENT[1]

Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule á mes pieds.

Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes,
II serpente, et s’enfonce en un lointain obscur;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Ou l’étoile du soir se lève dans l’azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.

Cependant, s’élançant de la flèche gothique
Un son religieux se répand dans les airs,
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais á ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme, ni transports,
Je contemple la terre, ainsi qu’une ombre errante:
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de 1’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis: Nulle part le bonheur ne m’attend.

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières?
Vains objets dont pour moi le charme est envolé;
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un œil indifférent je le suis dans son cours;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil? Je n’attends rien des jours.

Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts;
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire,
Je ne demande rien à l’immense univers.

Mais peut-être au delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil[2] éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille á la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraitrait á mes yeux?

La je m’enivrerais á la source où j’aspire,
La, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.

Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie:
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons!


Primera meditación: AISLAMIENTO

En la montaña a veces, a la sombra del roble,
cuando se pone el sol, tristemente me siento;
paseando mi mirada al albur sobre el llano,
cuyo cuadro cambiante a mis pies se despliega.

Acá resuena el río de olas espumosas;
serpentea y se hunde en la lejanía oscura;
allá el inmóvil lago prolonga su agua quieta
do la estrella nocturna en el azul se eleva.

En lo alto de estos montes llenos de espesos bosques,
todavía el crespúsculo lanza su último rayo;
y el carro vaporoso de la reina de sombras
sube, para blanquear los bordes del espacio.

Entretanto, elevándose desde la flecha gótica,
su religioso son se expande por los aíres:
el viajero se para, y la campana rústica
mezcla a los ruidos últimos del día conciertos sacros.

Mas a estos dulces cuadros mi alma indiferente
no experimenta ante ellos encantos ni transportes;
yo contemplo la tierra como una sombra errante,
pues ya el sol de los vivos no calienta a los muertos.

De colina en colina pasa mi vista en vano,
del sur al aquilón, de la aurora al ocaso,
recorro todo punto de la inmensa extensión,
y digo: “En ningún sitio me espera la ventura’

¿A que pues estos valles, palacios y cabañas,
para mí objetos vanos cuyo encanto se ha ido?
Ríos, rocas y bosques, soledades queridas,
¡un solo ser os falta y todo está desierto!

Que la vuelta del sol o comience o se acabe,
con ojo indiferente yo lo sigo en su curso;
en cielo negro o puro que se ponga o que salga
Pues, ¿qué me importa el sol? de los días nada espero.

Si pudiera seguirlo en su magna carrera
siempre verían mis ojos el vacío y los desiertos:
nada deseo de todo aquello que ilumina,
no le demando nada al inmenso universo.

Mas quizá más allá de los límites de su círculo,
donde el sol verdadero ilumina a otros cielos,
¡si pudiera dejar mi despojo en la tierra,
lo que tanto he soñado estaría ante mis ojos!

¡Allí, me embriagaría de la fuente a que aspiro,
allí, reencontraría la ilusión y el amor,
y ese bien ideal que toda alma desea,
y que no tiene nombre en la estancia terrestre!

¿No puedo yo, subido sobre el carro del Alba,
de mis deseos anhelo, elevarme hasta ti?
¿En la tierra del éxodo por qué estoy todavía?
¡No hay nada de común entre la tierra y yo!

Cuando la hoja del bosque caiga ya en la pradera,
y por vientos mecida sea arrancada a los valles,
a mí, que me asemejo a la hoja marchitada:
¡llevadme como a ella, tempestuoso aquilón!



2. Méditation cinquième : LE VALLON[3]

Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance,
N’ira plus de ses vœux importuner le sort;
Prêtez-moi seulement, vallons de mon enfance,
Un asile d’un jour pour attendre la mort.

Voici l’étroit sentier de l’obscure vallée:
Du flâne de ces coteaux pendent des bois épais
Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée,
Me couvrent tout entier de silence et de paix.

Là, deux ruisseaux cachés sous des ponts de verdure
Tracent en serpentant les contours du vallon;
Ils mêlent un moment leur onde et leur murmure,
Et non loin de leur source ils se perdent sans nom.

La source de mes jours comme eux s’est écoulée,
Elle a passé sans bruit, sans nom, et sans retour:
Mais leur onde est limpide, et mon âme troublée
N’aura pas réfléchi les clartés d’un beau jour.

La fraicheur de leurs lits, l’ombre qui les couronne,
M’enchainent tout le jour sur les bords des ruisseaux;
Comme un enfant bercé par un chant monotone,
Mon Ame s’assoupit au murmure des eaux.

Ah! C’est là qu’entouré d’un rempart de verdure,
D’un horizon borné qui suffit à mes yeux,
J’aime à fixer mes pas, et, seul dans la nature,
À n’entendre que l’onde, à ne voir que les cieux.

J’ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie,
Je viens chercher vivant le calme du Léthé[4];
Beaux lieux, soyez pour moi ces bords où l’on oublie:
L’oubli seul désormais est ma félicité.

Mon cœur est en repos, mon âme est en silence!
Le bruit lointain du monde expire en arrivant,
Comme un son éloigné qu’affaiblit la distance,
À l’oreille incertaine apporté par le vent.

D’ici je vois la vie, à travers un nuage,
S’évanouir pour moi dans l’ombre du passé;
L’amour seul est resté: comme une grande image
Survit seule au réveil dans un songe effacé.

Repose-toi, mon âme, en ce dernier asile,
Ainsi qu’un voyageur qui, le cœur plein d’espoir,
S’assied avant d’entrer aux portes de la ville,
Et respire un moment l’air embaumé du soir.

Comme lui, de nos pieds secouons la poussière;
L’homme par ce chemin ne repasse jamais:
Comme lui, respirons au bout de la carrière
Ce calme avant-coureur de l’éternelle paix.

Tes jours, sombres et courts comme des jours d’automne,
Déclinent comme l’ombre au penchant des coteaux;
L’amitié te trahit, la pitié t’abandonne,
Et, seule, tu descends le sentier des tombeaux.

Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime;
Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours;
Quand tout change pour toi, la nature est la même,
Et le même soleil se lève sur tes jours.

De lumière et d’ombrage elle t’entoure encore;
Détache ton amour des faux biens que tu perds;
Adore ici l’écho qu’adorait Pythagore,
Prête avec lui l’oreille aux célestes concerts[5].

Suis le jour dans le ciel, suis l’ombre sur la terre,
Dans les plaines de l’air vole avec l’aquilon,
Avec les doux rayons de l’astre du mystère
Glisse á travers les bois dans l’ombre du vallon.

Dieu, pour le concevoir, a fait l’intelligence;
Sous la nature enfin découvre son auteur!
Une voix à l’esprit parle dans son silence,
Qui n’a pas entendu cette voix dans son cœur?

Traducción
Quinta meditación : EL VALLE

Mi corazón hastiado, incluso de esperanza,
ya nunca más querrá importunar la suerte;
préstame solamente, cañada de mi infancia
asilo por un día para esperar la muerte.

He aquí el sendero estrecho de la oscura cañada:
del flanco de estas lomas penden bosques espesos,
que, grabando en mi frente su sombra entreverada,
me cubren por completo de paz y de silencio.

Allí, dos ríos ocultos por puentes de verdor
trazan serpenteando los contornos del valle;
mezclan por un instante su onda y su murmullo,
no lejos de su origen se pierden ya sin nombre.

La fuente de mis días como ellos ha pasado;
ha pasado sin ruido, sin nombre y sin retorno;
pero es límpida su onda, y mi alma turbada
no habrá considerado de un bello día las luces.

El frescor de sus lechos, la sombra que las corona,
me apresan todo el día al borde del arroyo.
Como un niño mecido por un canto monótono,
mi alma se adormece al murmullo del agua.

Allí es donde rodeado de una verde muralla,
de un horizonte estrecho suficiente a mis ojos,
amo fijar mis pasos, y, solo en la natura,
no escuchar más que la onda, no ver más que los cielos.

Mucho he visto y sentido, mucho amado en mi vida;
viviente a buscar vengo la calma del Olvido.
Sed para mí lugares, los bordes del olvido:
tan solo ya el olvido es mi felicidad.

Mi corazón reposa, mi alma está en silencio;
del mundo ecos lejanos expiran cuando llegan,
como un son alejado que la distancia atenúa,
en el oído incierto traído por el viento.

De aquí yo veo la vida, a través de una nube,
por mí desvanecerse en el pasado oscuro;
el Amor queda solo, como una gran imagen
que sobrevive a un sueño borrado al despertar.

Reposa, alma mía, en este último asilo,
como un viajero que, de ilusión llena mi alma,
se sienta, antes de entrar a las puertas de la villa,
y respira un momento sus aromas nocturnos.

Como él, de nuestros pies sacudamos el polvo.
Por esta senda el hombre jamás vuelve a pasar;
como él, respiremos al final del camino,
tranquilo precursor de la paz infinita.

Tus días negros, cortos como los días de otoño,
declinan como sombras en cuesta de laderas;
la amistad te traiciona, la piedad te abandona,
y sola, tú desciendes por sendero de tumbas.

Mas allí está Natura que te invita y que te ama;
zambúllete en su seno que ella por ti siempre abre:
aunque te cambie todo, Natura nunca cambia,
y es siempre el mismo Sol el que alumbra tus días.

De luces y de sombras te envuelve todavía:
desliga tu amor de los falsos bienes que pierdes;
adora la armonía que adoraba Pitágoras,
presta atención como él al concierto celeste.

Sigue el día en el cielo, a la sombra en la tierra:
en las llanuras aéreas vuela con aquilón,
y con el suave rayo del astro del misterio
deslízate en los bosques en la sombra del valle.

Dios, para concebirlo, ha hecho la inteligencia:
¡en la Natura todo nos revela a su autor!
una voz al espíritu le habla en su silencio:
¿Quién no ha oído esta voz dentro en su corazón?


3. Méditation dixième : LE LAC DE B…[6]

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour?

O lac! l’année à peine a fini sa carrière,
Et prés des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde! Je viens seul m’asseoir sur cette pierre
tu la vis s’asseoir!

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés;
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t’en souvient-il?, nous voguions en silence;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout á coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos;
Le flot fiat attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots:

« O temps, suspends ton vol! et vous, heures propices
Suspendez votre cours!
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours!
« Assez de malheureux ici-bas vous implorent:
Coulez, coulez pour eux;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent;
Oubliez les heureux.

« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit;
Je dis à cette nuit: “Sois plus lente”; et laurore
Va dissiper la nuit.

« Aimons donc, aimons donc! de l’heure fugitive,
Hátons-nous, jouissons!
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive;
Il coule, et nous passons! »

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Ou l’amour á longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur?

Hé quoi! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace?
Quoi, passés pour jamais? quoi! tout entiers perdus?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus?

Eternité, néant, passé, sombres abimes,
Que faites-vous des jours que vous engboutissez?
Parlez: nous rendrez-vous ces extases sublimes       
Que vous nous ravissez?

O lac! rochers muets! grottes! forét obscure!
Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir!

Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit daris tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants couteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux!
Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés!

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise: “Ils ont aimé!”
Traducción :
Décima meditación: EL LAGO DE B…

Así, siempre empujados hacia nuevas riberas,
llevados sin retorno en la noche eterna,
¿alguna vez podremos en el mar de los tiempos
anclar un solo día?

¡Oh lago! el año apenas ha acabado su curso,
y junto a olas queridas que por ella esperaban,
¡mírame! ¡vengo sobo a sentarme en la roca
en que ella se sentó!

Tú bramabas así bajo estas rocas hondas;
así tú te rompías en sus flancos heridos;
así el viento lanzaba la espuma de tus ondas
en sus pies adorados.

Una noche, ¿recuerdas?, en silencio bogábamos;
sólo se oía a lo lejos, entre el agua y los cielos
un ruido de remeros que al compás golpeaban
tus olas armoniosas.
De repente sonidos ajenos a la tierra
golpearon los ecos de la orilla encantada;
quedó la ola en silencio, y esa voz tan querida
pronunció estas palabras:

“¡Para tu giro, oh tiempo! y vos, horas propicias,
¡suspended vuestro curso!
¡dejadnos saborear las rápidas delicias
de momentos felices!

“Bastantes desdichados aquí abajo os imploran:
seguid, seguid por ellos;
con sus días llevad su inquietud devorante,
y olvidad el resto.

“Mas yo pregunto en vano todavía unos momentos,
me huye y escapa el tiempo;
le digo así a la noche: ‘sé más lenta’; y la aurora
va a disipar la noche.

“¡Amemos, pues, amemos! de la hora fugitiva,
¡gocemos con gran prisa!
no tiene puerto el hombre, no tiene orilla el tiempo;
¡él sigue y no nosotros!’

¿Cómo es posible, oh tiempo, que momentos divinos,
en que el amor nos vierte la dicha en largas olas,
de nosotros se alejen con la misma premura
que los días de desgracia?

¿No podremos, de aquéllos, guardar su huella al menos?
¿pasaron para siempre, perdidos por completo?
¿el tiempo que los trajo, y luego los borró,
no los traerá de nuevo?

Eternidad, la nada, pasado, negro abismo,
¿qué hacéis con los días que devoráis a diario?
hablad: ¿nos tornaréis estos sublimes éxtasis
que nos arrebatáis?
¡Oh lago! ¡rocas mudas! ¡grutas! ¡oscuro bosque!
¡por quien no pasa el tiempo o los rejuvenece,
de esta noche guardad, guardad bella natura,
al menos el recuerdo!

¡Ya sea en tu reposo, o bien en tus tormentos,
bello lago, en la faz de tus rientes riberas,
y en los negros abetos, y en las rocas salvajes
que sobre tu agua cuelgan!

¡O ya sea en el céfiro que ruge cuando pasa,
o el rumor de tus bordes que tus bordes reflejan,
o en el astro plateado que ilumina tu rostro
con blandos resplandores!

¡Y que el viento que gime, la rosa que suspira,
los perfumes ligeros de tu aire ungido
que todo lo que se oye, se ve o se respira,
todo diga: “Se amaron!’
4. Méditation Vingt-troisième: L’AUTOMNE[7]
Salut! Bois couronnés d’un reste de verdure!
Feuillages jaunissants sur les gazons épars!
Salut, derniers beaux jours! Le deuil de la nature
Convient á la douleur et plait A mes regards!

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
J’aime A revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce á peine á mes pieds l’obscurité des bois!

Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais!

Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d’un regard d’envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui!

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Ile vous dois une larme aux bords de mon tombeau;
L’air est si parfumé! La lumière est si pure!
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau!

Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel!
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel?
Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu?
Peut-être dans la foule, une âme que j‘ignore
Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu?...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire;
à la vie, au soleil, ce sont là ses adieux;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un son triste et mélodieux.

Traducción :
Meditación veintitrés : EL OTOÑO

¡Yo os saludo oh bosques de verdor coronados,
hojarasca amarilla en la hierba esparcida!
¡Hola, postreros días! el duelo de natura
con mi dolor se acuna y place a mis miradas.

Sigo, y me pierdo en sueños, la senda solitaria;
amo volver a ver, ya por última vez,
este sol cuya luz, débil que palidece,
a mis pies llega apenas atravesando el bosque.

En estos días de otoño en que natura expira,
a su mirada oculta encuentro encantos nuevos:
el adiós de un amigo, es la última sonrisa
de labios que la muerte cerrará para siempre.

Así, cercano el día de abandonar la vida,
llorando sin cesar la esperanza se evade,
me vuelvo una vez más, y con mirada ávida
contemplo aún sus bienes de los que no he gozado.

Tierra, sol, hondonadas, bella y dulce natura,
os entrego una lágrima ya al borde de mi tumba;
¡Qué aire tan perfumado! ¡Qué claridad tan pura!
Para alguien desahuciado el sol se ve tan bello!

Ahora mismo quisiera vaciar hasta los posos
de este cáliz mezclado de néctar y de hiel:
en el fondo del vaso en que bebía la vida,
acaso allí quedara una gota de miel.

Quizá es que el futuro me reservara aún
la vuelta de la dicha cuya ilusión perdí.
Quizá, entre el gentío, un alma misteriosa
a la mía comprendiera, y me haya respondido.

La flor cae liberando sus perfumes al céfiro;
a la vida, al sol, dirige sus adioses:
yo me muero; y mi alma, en cuanto que ella expire
desplegará un sonido lánguido y melodioso.


TEXTOS DE APOYO A LA CLASE (TRADUCCIÓN GUSTAVO ZONANA)

Meditación cuarta: “L’immortalité” (La inmortalidad)

‘Dieu caché, disais-tu, la nature est ton temple!
L’esprit te voit partout quand notre œil la contemple ;
Des tes perfections, qu’il cherche à concevoir,
Ce monde est le reflet, l’image, le miroir ;
Le jour est ton regard, la beauté ton sourire ;
Partout le cœur t’adore et l’âme te respire ; (…)

TRADUCCIÓN :

“¡Dios oculto, decías, la naturaleza es tu templo!
El alma en todas partes te ve cuando la contempla;
De tus perfecciones, que ella intenta concebir,
Este mundo es un reflejo, la imagen, el espejo;
El día es tu mirada, la belleza tu sonrisa;
En todo el corazón te adora y el alma te respira; (…)”

Meditación doceava: La prière (La plegaria)

Mais ce temple est sans voix. Ou son les saints concerts ?
D’où s’élèvera l’hymne au roi de l’univers ?
Tout se tait : mon cœur parle seul dans ce silence.
La voix de l’univers, c’est mon intelligence.
Sur les rayons du soir, sur les ailes du vent,
Elle s’élève à Dieu comme un parfum vivant,
Prête, pour l’adorer, mon âme à la nature. (…)

Pero no tiene voz este templo. ¿Dónde están los santos acordes?
¿De dónde se elevará el himno al rey del universo?
Todo calla: mi corazón habla solo en este silencio.
La voz del universo, es mi inteligencia.
Sobre los rayos del sol, sobre las alas del viento,
Se eleva a Dios como un perfume vivo,
Lista, para adorar, mi alma a la naturaleza (…)

Prefacio a la edición de 1849 de las Meditaciones

« Je suis le premier qui a fait descendre la poésie du Parnasse et qui ai donné à ce qu’on nommait la Muse, au lieu d’une Iyre a sept cordes de convention les fibres même du cœur de l‘homme, touchées et émues par les innombrabIes frissons de l’âme et de la nature ».

“Soy el primero que ha hecho descender la poesía del Parnaso, y que ha dado a lo que llamábamos la Musa, en vez de una lira de siete cuerdas de convención, las fibras mismas del corazón del hombre, tocadas y movidas por las innumerables emociones del alma y de la naturaleza”.








[1] Abrumado por la muerte de Mme. Julie Charmes, en diciembre de 1817, Lamartine se retira a  MilIy, permaneciendo en una completa soledad y un aislamiento total. Deseando que le llegue la muerte, como una especie de liberación, su estado anímico hace posible que transmita al papel una sinceridad desprovista de cualquier nota de vanidad humana. Comentario del traductor.
[2] Le vrai soleil es una expresión que designa a Dios, y que retorna la doctrina platónica de las Ideas; según Platón las Ideas son universales, inmutables y eternas. El Alma está movida por tres fuerzas: la razón, el ánimo y el apetito; las dos últimas son fuerzas psíquicas inferiores, vinculadas al cuerpo, de cuya naturaleza y propiedades se contagian; en cambio el alma está destinada a una vida superior que consiste en participar de las Ideas. Como ellas, no nace ni perece; hace su morada temporal en el cuerpo con el cual se reúne accidentalmente, pero en realidad le preexiste y sobrevive. Por lo que respecta a las actividades cognoscitiva y amorosa del alma, éstas se remontan a su existencia anterior, despertadas al contacto y por la participación en la realidad inteligible. Por tanto, al unirse con el cuerpo, el alma posee
conocimientos innatos. Nota del traductor.
[3] Veamos la descripción que hace Lamartine del lugar que le inspira el poema: Este valle está situado en las montañas del Delfinado, en los alrededores de Grand-Lemps; se ensancha entre dos colinas boscosas y su boca está cerrada por las ruinas de una antigua mansión que perteneció a mi amigo Aynion de Virlea. Íbamos a veces a pasar allí las horas de soledad. El poema es una meditación esbozada por Lamartine a comienzos del verano de 1819, después de haber transcurrido cerca de dos años de la muerte de Mme. Charles, sin que por ello el poeta se haya librado de su doloroso recuerdo. Nota del traductor.
[4] Lete, el Olvido; hija de Éride (la Discordia), había dado su nombre a una fuente, la Fuente del Olvido, situada en los Infiernos, de la que bebían los muertos para olvidar su vida terrestre. En las concepciones de los filósofos de las que se hace eco Platón, antes de volver a la vida y hallar otra vez un cuerpo, las almas bebían de este brebaje, que les borraba de la memoria lo que habían visto en el Infierno. La fuente del Olvido (Lete) y de la Memoria (Mnemósine), en Boecia, fueron utilizadas por los poetas como alegorías: Lete era hermano de la Muerte y del Sueño. Nota del traductor.
[5] Referencia a la música de las esferas celestes en su movimiento regular, y que equivalía a la armonía universal.
[6] El poema hace referencia al lac de Bourget, lago de los Alpes franceses situado en el Departamento de Saboya. Cuando el poeta compone Le lac, en 1817, Mme, Julie Charles aún está viva, pero no puede desplazarse de su residencia, cerca de París, a causa de su enfermedad (la moladie de langueur) que la llevará pronto a la tumba.
[7] El poema está escrito en el retiro de Milly, en 1819, y ya se puede percibir la superación de la etapa de la tristeza; aunque aún no lo abandona el recuerdo de Mme. Julie Charles, Lamartine evoca con discreción la imagen de otra mujer, Miss Birch, una joven inglesa con la que se casará el 6 de junio de 1820.

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