Alphonse de Lamartine.
Meditaciones poéticas. Cuatro poemas
con paisajes.
Traducciones
de Miguel A. García Peinado
Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule á mes pieds.
Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes,
II serpente, et s’enfonce en un lointain obscur;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Ou l’étoile du soir se lève dans l’azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.
Cependant, s’élançant de la flèche gothique
Un son religieux se répand dans les airs,
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais á ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme, ni transports,
Je contemple la terre, ainsi qu’une ombre errante:
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à
l’aquilon, de 1’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis: Nulle part le bonheur ne m’attend.
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières?
Vains objets dont pour moi le charme est envolé;
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.
Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un œil indifférent je le suis dans son cours;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil? Je n’attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts;
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire,
Je ne demande rien à l’immense univers.
Mais peut-être au delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil[2]
éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille á la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraitrait á mes yeux?
La je m’enivrerais á la source où j’aspire,
La, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.
Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie:
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons!
Primera
meditación: AISLAMIENTO
En la montaña a
veces, a la sombra del roble,
cuando se pone
el sol, tristemente me siento;
paseando mi
mirada al albur sobre el llano,
cuyo cuadro
cambiante a mis pies se despliega.
Acá resuena el
río de olas espumosas;
serpentea y se
hunde en la lejanía oscura;
allá el inmóvil
lago prolonga su agua quieta
do la estrella
nocturna en el azul se eleva.
En lo alto de
estos montes llenos de espesos bosques,
todavía el
crespúsculo lanza su último rayo;
y el carro
vaporoso de la reina de sombras
sube, para
blanquear los bordes del espacio.
Entretanto,
elevándose desde la flecha gótica,
su religioso son
se expande por los aíres:
el viajero se
para, y la campana rústica
mezcla a los
ruidos últimos del día conciertos sacros.
Mas a estos
dulces cuadros mi alma indiferente
no experimenta
ante ellos encantos ni transportes;
yo contemplo la
tierra como una sombra errante,
pues ya el sol
de los vivos no calienta a los muertos.
De colina en
colina pasa mi vista en vano,
del sur al
aquilón, de la aurora al ocaso,
recorro todo
punto de la inmensa extensión,
y digo: “En
ningún sitio me espera la ventura’
¿A que pues
estos valles, palacios y cabañas,
para mí objetos
vanos cuyo encanto se ha ido?
Ríos, rocas y
bosques, soledades queridas,
¡un solo ser os
falta y todo está desierto!
Que la vuelta
del sol o comience o se acabe,
con ojo
indiferente yo lo sigo en su curso;
en cielo negro o
puro que se ponga o que salga
Pues, ¿qué me
importa el sol? de los días nada espero.
Si pudiera
seguirlo en su magna carrera
siempre verían mis
ojos el vacío y los desiertos:
nada deseo de
todo aquello que ilumina,
no le demando
nada al inmenso universo.
Mas quizá más
allá de los límites de su círculo,
donde el sol
verdadero ilumina a otros cielos,
¡si pudiera
dejar mi despojo en la tierra,
lo que tanto he
soñado estaría ante mis ojos!
¡Allí, me
embriagaría de la fuente a que aspiro,
allí,
reencontraría la ilusión y el amor,
y ese bien ideal
que toda alma desea,
y que no tiene
nombre en la estancia terrestre!
¿No puedo yo,
subido sobre el carro del Alba,
de mis deseos
anhelo, elevarme hasta ti?
¿En la tierra
del éxodo por qué estoy todavía?
¡No hay nada de
común entre la tierra y yo!
Cuando la hoja
del bosque caiga ya en la pradera,
y por vientos
mecida sea arrancada a los valles,
a mí, que me
asemejo a la hoja marchitada:
¡llevadme como a
ella, tempestuoso aquilón!
Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance,
N’ira plus de ses vœux importuner le sort;
Prêtez-moi seulement, vallons de mon enfance,
Un asile d’un jour pour attendre la mort.
Voici l’étroit sentier de l’obscure vallée:
Du flâne de ces coteaux pendent des bois épais
Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée,
Me couvrent tout entier de silence et de paix.
Là, deux ruisseaux cachés sous des ponts de verdure
Tracent en serpentant les contours du vallon;
Ils mêlent un moment leur onde et leur murmure,
Et non loin de leur source ils se perdent sans nom.
La source de mes jours comme eux s’est écoulée,
Elle a passé sans bruit, sans nom, et sans retour:
Mais leur onde est limpide, et mon âme troublée
N’aura pas réfléchi les clartés d’un beau jour.
La fraicheur de leurs lits, l’ombre qui les couronne,
M’enchainent tout le jour sur les bords des ruisseaux;
Comme un enfant bercé par un chant monotone,
Mon Ame s’assoupit au murmure des eaux.
Ah! C’est là qu’entouré d’un rempart de verdure,
D’un horizon borné qui suffit à mes yeux,
J’aime à fixer mes pas, et, seul dans la nature,
À n’entendre
que l’onde, à ne voir que les cieux.
J’ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie,
Je viens chercher vivant le calme du Léthé[4];
Beaux lieux, soyez pour moi ces bords où l’on oublie:
L’oubli seul désormais est ma félicité.
Mon cœur est en repos, mon âme est en silence!
Le bruit lointain du monde expire en arrivant,
Comme un son éloigné qu’affaiblit la distance,
À l’oreille
incertaine apporté par le vent.
D’ici je vois la vie, à travers un nuage,
S’évanouir pour moi dans l’ombre du passé;
L’amour seul est resté: comme une grande image
Survit seule au réveil dans un songe effacé.
Repose-toi, mon âme, en ce dernier asile,
Ainsi qu’un voyageur qui, le cœur plein d’espoir,
S’assied avant d’entrer aux portes de la ville,
Et respire un moment l’air embaumé du soir.
Comme lui, de nos pieds secouons la poussière;
L’homme par ce chemin ne repasse jamais:
Comme lui, respirons au bout de la carrière
Ce calme avant-coureur de l’éternelle paix.
Tes jours, sombres et courts comme des jours d’automne,
Déclinent comme l’ombre au penchant des coteaux;
L’amitié te trahit, la pitié t’abandonne,
Et, seule, tu descends le sentier des tombeaux.
Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime;
Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours;
Quand tout change pour toi, la nature est la même,
Et le même soleil se lève sur tes jours.
De lumière et d’ombrage elle t’entoure encore;
Détache ton amour des faux biens que tu perds;
Adore ici l’écho qu’adorait Pythagore,
Prête avec lui l’oreille aux célestes concerts[5].
Suis le jour dans le ciel, suis l’ombre sur la terre,
Dans les plaines de l’air vole avec l’aquilon,
Avec les doux rayons de l’astre du mystère
Glisse á travers les bois dans l’ombre du vallon.
Dieu, pour le concevoir, a fait l’intelligence;
Sous la nature enfin découvre son auteur!
Une voix à l’esprit parle dans son silence,
Qui n’a pas entendu cette voix dans son cœur?
Traducción
Quinta
meditación : EL VALLE
Mi corazón
hastiado, incluso de esperanza,
ya nunca más
querrá importunar la suerte;
préstame
solamente, cañada de mi infancia
asilo por un día
para esperar la muerte.
He aquí el
sendero estrecho de la oscura cañada:
del flanco de
estas lomas penden bosques espesos,
que, grabando en
mi frente su sombra entreverada,
me cubren por
completo de paz y de silencio.
Allí, dos ríos
ocultos por puentes de verdor
trazan
serpenteando los contornos del valle;
mezclan por un
instante su onda y su murmullo,
no lejos de su
origen se pierden ya sin nombre.
La fuente de mis
días como ellos ha pasado;
ha pasado sin
ruido, sin nombre y sin retorno;
pero es límpida
su onda, y mi alma turbada
no habrá
considerado de un bello día las luces.
El frescor de
sus lechos, la sombra que las corona,
me apresan todo
el día al borde del arroyo.
Como un niño
mecido por un canto monótono,
mi alma se
adormece al murmullo del agua.
Allí es donde
rodeado de una verde muralla,
de un horizonte
estrecho suficiente a mis ojos,
amo fijar mis
pasos, y, solo en la natura,
no escuchar más
que la onda, no ver más que los cielos.
Mucho he visto y
sentido, mucho amado en mi vida;
viviente a
buscar vengo la calma del Olvido.
Sed para mí
lugares, los bordes del olvido:
tan solo ya el
olvido es mi felicidad.
Mi corazón
reposa, mi alma está en silencio;
del mundo ecos
lejanos expiran cuando llegan,
como un son
alejado que la distancia atenúa,
en el oído
incierto traído por el viento.
De aquí yo veo
la vida, a través de una nube,
por mí
desvanecerse en el pasado oscuro;
el Amor queda
solo, como una gran imagen
que sobrevive a
un sueño borrado al despertar.
Reposa, alma
mía, en este último asilo,
como un viajero
que, de ilusión llena mi alma,
se sienta, antes
de entrar a las puertas de la villa,
y respira un
momento sus aromas nocturnos.
Como él, de
nuestros pies sacudamos el polvo.
Por esta senda
el hombre jamás vuelve a pasar;
como él,
respiremos al final del camino,
tranquilo
precursor de la paz infinita.
Tus días negros,
cortos como los días de otoño,
declinan como
sombras en cuesta de laderas;
la amistad te
traiciona, la piedad te abandona,
y sola, tú
desciendes por sendero de tumbas.
Mas allí está
Natura que te invita y que te ama;
zambúllete en su
seno que ella por ti siempre abre:
aunque te cambie
todo, Natura nunca cambia,
y es siempre el
mismo Sol el que alumbra tus días.
De luces y de sombras
te envuelve todavía:
desliga tu amor
de los falsos bienes que pierdes;
adora la armonía
que adoraba Pitágoras,
presta atención
como él al concierto celeste.
Sigue el día en
el cielo, a la sombra en la tierra:
en las llanuras
aéreas vuela con aquilón,
y con el suave
rayo del astro del misterio
deslízate en los
bosques en la sombra del valle.
Dios, para
concebirlo, ha hecho la inteligencia:
¡en la Natura
todo nos revela a su autor!
una voz al
espíritu le habla en su silencio:
¿Quién no ha
oído esta voz dentro en su corazón?
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour?
O lac! l’année
à peine a fini sa carrière,
Et prés des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde! Je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir!
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés;
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir, t’en souvient-il?, nous voguions en silence;
On n’entendait
au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout á coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos;
Le flot fiat attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots:
« O temps, suspends ton vol! et vous, heures propices
Suspendez votre cours!
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours!
« Assez de malheureux ici-bas vous implorent:
Coulez, coulez pour eux;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent;
Oubliez les heureux.
« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit;
Je dis à cette nuit: “Sois plus lente”; et laurore
Va dissiper la nuit.
« Aimons donc, aimons donc! de l’heure fugitive,
Hátons-nous, jouissons!
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive;
Il coule, et nous passons! »
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Ou l’amour á longs flots
nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur?
Hé quoi! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace?
Quoi, passés pour jamais? quoi! tout entiers perdus?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus?
Eternité, néant, passé, sombres abimes,
Que faites-vous des jours que vous engboutissez?
Parlez: nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez?
O lac! rochers muets!
grottes! forét obscure!
Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir!
Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit daris tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants couteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux!
Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés!
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise: “Ils ont aimé!”
Traducción :
Décima
meditación: EL LAGO DE B…
Así, siempre
empujados hacia nuevas riberas,
llevados sin
retorno en la noche eterna,
¿alguna vez
podremos en el mar de los tiempos
anclar
un solo día?
¡Oh lago! el año
apenas ha acabado su curso,
y junto a olas
queridas que por ella esperaban,
¡mírame! ¡vengo
sobo a sentarme en la roca
en que
ella se sentó!
Tú bramabas así
bajo estas rocas hondas;
así tú te
rompías en sus flancos heridos;
así el viento
lanzaba la espuma de tus ondas
en sus
pies adorados.
Una noche,
¿recuerdas?, en silencio bogábamos;
sólo se oía a lo
lejos, entre el agua y los cielos
un ruido de
remeros que al compás golpeaban
tus olas
armoniosas.
De repente
sonidos ajenos a la tierra
golpearon los
ecos de la orilla encantada;
quedó la ola en
silencio, y esa voz tan querida
pronunció
estas palabras:
“¡Para tu giro,
oh tiempo! y vos, horas propicias,
¡suspended
vuestro curso!
¡dejadnos
saborear las rápidas delicias
de
momentos felices!
“Bastantes
desdichados aquí abajo os imploran:
seguid,
seguid por ellos;
con sus días
llevad su inquietud devorante,
y
olvidad el resto.
“Mas yo pregunto
en vano todavía unos momentos,
me huye
y escapa el tiempo;
le digo así a la
noche: ‘sé más lenta’; y la aurora
va a
disipar la noche.
“¡Amemos, pues,
amemos! de la hora fugitiva,
¡gocemos
con gran prisa!
no tiene puerto
el hombre, no tiene orilla el tiempo;
¡él
sigue y no nosotros!’
¿Cómo es
posible, oh tiempo, que momentos divinos,
en que el amor
nos vierte la dicha en largas olas,
de nosotros se
alejen con la misma premura
que los
días de desgracia?
¿No podremos, de
aquéllos, guardar su huella al menos?
¿pasaron para
siempre, perdidos por completo?
¿el tiempo que
los trajo, y luego los borró,
no los
traerá de nuevo?
Eternidad, la
nada, pasado, negro abismo,
¿qué hacéis con
los días que devoráis a diario?
hablad: ¿nos
tornaréis estos sublimes éxtasis
que nos
arrebatáis?
¡Oh lago! ¡rocas
mudas! ¡grutas! ¡oscuro bosque!
¡por quien no
pasa el tiempo o los rejuvenece,
de esta noche
guardad, guardad bella natura,
al menos
el recuerdo!
¡Ya sea en tu
reposo, o bien en tus tormentos,
bello lago, en
la faz de tus rientes riberas,
y en los negros
abetos, y en las rocas salvajes
que
sobre tu agua cuelgan!
¡O ya
sea en el céfiro que ruge cuando pasa,
o el rumor de
tus bordes que tus bordes reflejan,
o en el astro
plateado que ilumina tu rostro
con
blandos resplandores!
¡Y que
el viento que gime, la rosa que suspira,
los perfumes
ligeros de tu aire ungido
que todo lo que
se oye, se ve o se respira,
todo diga: “Se amaron!’
Salut! Bois couronnés d’un reste de verdure!
Feuillages jaunissants sur les gazons épars!
Salut, derniers beaux jours! Le deuil de la nature
Convient á la douleur et plait A mes regards!
Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire,
J’aime A revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce á peine á mes pieds l’obscurité des bois!
Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
A ses regards
voilés, je trouve plus d’attraits,
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais!
Ainsi, prêt à quitter l’horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l’espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d’un regard d’envie
Je contemple ses biens dont je n’ai pas joui!
Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Ile vous dois une larme aux bords de mon tombeau;
L’air est si parfumé! La lumière est si pure!
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau!
Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel!
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être
restait-il une goutte de miel?
Peut-être l’avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l’espoir est perdu?
Peut-être dans la foule, une âme que j‘ignore
Aurait compris mon âme, et m’aurait répondu?...
La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire;
à la vie, au soleil, ce sont là ses adieux;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu’elle expire,
S’exhale comme un
son triste et mélodieux.
Traducción :
Meditación veintitrés : EL OTOÑO
¡Yo os saludo oh
bosques de verdor coronados,
hojarasca
amarilla en la hierba esparcida!
¡Hola, postreros
días! el duelo de natura
con mi dolor se
acuna y place a mis miradas.
Sigo, y me
pierdo en sueños, la senda solitaria;
amo volver a
ver, ya por última vez,
este sol cuya
luz, débil que palidece,
a mis pies llega
apenas atravesando el bosque.
En estos días de
otoño en que natura expira,
a su mirada
oculta encuentro encantos nuevos:
el adiós de un
amigo, es la última sonrisa
de labios que la
muerte cerrará para siempre.
Así, cercano el
día de abandonar la vida,
llorando sin
cesar la esperanza se evade,
me vuelvo una
vez más, y con mirada ávida
contemplo
aún sus bienes de los que no he gozado.
Tierra, sol,
hondonadas, bella y dulce natura,
os entrego una
lágrima ya al borde de mi tumba;
¡Qué aire tan
perfumado! ¡Qué claridad tan pura!
Para alguien
desahuciado el sol se ve tan bello!
Ahora mismo
quisiera vaciar hasta los posos
de este cáliz
mezclado de néctar y de hiel:
en el fondo del
vaso en que bebía la vida,
acaso allí
quedara una gota de miel.
Quizá es que el
futuro me reservara aún
la vuelta de la
dicha cuya ilusión perdí.
Quizá, entre el
gentío, un alma misteriosa
a la mía
comprendiera, y me haya respondido.
La flor cae
liberando sus perfumes al céfiro;
a la vida, al
sol, dirige sus adioses:
yo me muero; y
mi alma, en cuanto que ella expire
desplegará
un sonido lánguido y melodioso.
TEXTOS DE APOYO A LA CLASE
(TRADUCCIÓN GUSTAVO ZONANA)
Meditación cuarta: “L’immortalité”
(La inmortalidad)
‘Dieu caché, disais-tu, la nature est ton temple!
L’esprit te voit partout quand notre œil la
contemple ;
Des tes perfections, qu’il cherche à concevoir,
Ce monde est le reflet, l’image, le miroir ;
Le jour est ton regard, la beauté ton sourire ;
Partout le cœur t’adore et l’âme te respire ; (…)
TRADUCCIÓN :
“¡Dios
oculto, decías, la naturaleza es tu templo!
El alma en todas partes te ve cuando la contempla;
De tus perfecciones, que ella intenta concebir,
Este mundo es un reflejo, la imagen, el espejo;
El día es tu mirada, la belleza tu sonrisa;
En todo el corazón te adora y el alma te respira; (…)”
El alma en todas partes te ve cuando la contempla;
De tus perfecciones, que ella intenta concebir,
Este mundo es un reflejo, la imagen, el espejo;
El día es tu mirada, la belleza tu sonrisa;
En todo el corazón te adora y el alma te respira; (…)”
Meditación doceava: La prière (La plegaria)
Mais ce temple est sans voix. Ou son les saints
concerts ?
D’où s’élèvera l’hymne au roi de l’univers ?
Tout se tait : mon cœur parle seul dans ce silence.
La voix de l’univers, c’est mon intelligence.
Sur les rayons du soir, sur les ailes du vent,
Elle s’élève à Dieu comme un parfum vivant,
Prête, pour l’adorer, mon âme à la nature. (…)
Pero
no tiene voz este templo. ¿Dónde están los santos acordes?
¿De
dónde se elevará el himno al rey del universo?
Todo
calla: mi corazón habla solo en este silencio.
La
voz del universo, es mi inteligencia.
Sobre
los rayos del sol, sobre las alas del viento,
Se
eleva a Dios como un perfume vivo,
Lista,
para adorar, mi alma a la naturaleza (…)
Prefacio a la edición de 1849 de
las Meditaciones…
« Je suis le premier qui a fait descendre la poésie du Parnasse et qui ai donné à ce qu’on
nommait la Muse, au lieu d’une Iyre a sept cordes de convention les
fibres même du cœur de l‘homme, touchées et émues par les innombrabIes frissons
de l’âme et de la nature ».
“Soy el primero que ha hecho descender la poesía del Parnaso, y
que ha dado a lo que llamábamos la Musa, en vez de una lira de siete cuerdas de
convención, las fibras mismas del corazón del hombre, tocadas y movidas por las
innumerables emociones del alma y de la naturaleza”.
[1]
Abrumado por la muerte de Mme. Julie Charmes, en diciembre de 1817, Lamartine
se retira a MilIy, permaneciendo en una
completa soledad y un aislamiento total. Deseando que le llegue la muerte, como
una especie de liberación, su estado anímico hace posible que transmita al
papel una sinceridad desprovista de cualquier nota de vanidad humana.
Comentario del traductor.
[2] Le
vrai soleil es
una expresión que designa a Dios, y que retorna la doctrina platónica de las
Ideas; según Platón las Ideas son universales, inmutables y eternas. El Alma
está movida por tres fuerzas: la razón, el ánimo y el apetito; las dos últimas
son fuerzas psíquicas inferiores, vinculadas al cuerpo, de cuya naturaleza y
propiedades se contagian; en cambio el alma está destinada a una vida superior
que consiste en participar de las Ideas. Como ellas, no nace ni perece; hace su
morada temporal en el cuerpo con el cual se reúne accidentalmente, pero en
realidad le preexiste y sobrevive. Por lo que respecta a las actividades
cognoscitiva y amorosa del alma, éstas se remontan a su existencia anterior,
despertadas al contacto y por la participación en la realidad inteligible. Por
tanto, al unirse con el cuerpo, el alma posee
conocimientos
innatos. Nota del traductor.
[3] Veamos
la descripción que hace Lamartine del lugar que le inspira el poema: Este valle
está situado en las montañas del Delfinado, en los alrededores de Grand-Lemps; se
ensancha entre dos colinas boscosas
y su boca está
cerrada por las ruinas de una
antigua mansión que perteneció a mi amigo Aynion de Virlea. Íbamos
a veces a pasar allí las horas de
soledad. El poema es una meditación esbozada por Lamartine a
comienzos del verano de 1819, después de haber transcurrido cerca de dos años
de la muerte de Mme. Charles, sin que por ello el poeta se haya librado de su
doloroso recuerdo. Nota del traductor.
[4] Lete,
el Olvido; hija de Éride (la Discordia), había dado su nombre a una fuente, la
Fuente del Olvido, situada en los Infiernos, de la que bebían los muertos para olvidar
su vida terrestre. En las concepciones de los filósofos de las que se hace eco
Platón, antes de volver a la vida y hallar otra vez un cuerpo, las almas bebían
de este brebaje, que les borraba de la memoria lo que habían visto en el
Infierno. La fuente del Olvido (Lete) y de la Memoria
(Mnemósine), en Boecia, fueron utilizadas por los poetas como alegorías: Lete
era hermano de la Muerte y del Sueño. Nota del traductor.
[5] Referencia
a la música de las esferas celestes en su movimiento regular, y que equivalía a
la armonía universal.
[6] El poema
hace referencia al lac de Bourget, lago de los Alpes franceses situado
en el Departamento de Saboya. Cuando el poeta compone Le lac, en 1817, Mme, Julie Charles
aún está viva, pero no puede desplazarse de su residencia, cerca de París, a
causa de su enfermedad (la moladie
de langueur) que la llevará
pronto a la tumba.
[7] El
poema está escrito en el retiro de Milly, en 1819, y ya se puede percibir la
superación de la etapa de la tristeza; aunque aún no lo abandona el recuerdo de
Mme. Julie Charles, Lamartine evoca con discreción la imagen de otra mujer,
Miss Birch, una joven inglesa con la que se casará el 6 de junio de 1820.
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